Discussion autour de la lecture
Nous étions en comité restreint 4 participantes pour notre rendez vous mensuel. Mais l'envi de partager était bien présente
Corinne nous fait part d'un podcast de France Inter "pourquoi lire peut changer la vie" à partager pour toutes
Mimi presente
Deux grands hommes et demi de Diadé Dembélé 2024
Comme le dit un vieil adage, les voyages forment la jeunesse. Et ce n’est pas l’écrivain Diadié Dembélé qui dira le contraire
Avec deux grands hommes et demi l’auteur malien reprend le principe de roman de formation de son premier roman « le duel des grands-mères »
Manthia est encore adolescent lorsqu’il se retrouve propulsé dans le cercle des adultes. Rompu aux travaux agricoles dans un zone enclavée du Mali, il contribue autant qu’il le peut à soutenir sa famille, victime d’un grave revers de fortune. Mais la situation demeure fragile. Poussé par son père, Manthia part tenter sa chance dans la capitale Bamako
Entre désir et appréhension, Manthia laisse tout ce qu’il connaissait derrière lui : son épouse, sa famille et son meilleur ami, Toko, ultime recours et repère.
Le roman s’ouvre sur les paroles du jeune homme se rappelant son ignorance du monde au moment du départ. Une ignorance entretenue par les émigrés eux-mêmes, qui, pudeur et orgueil mêlés et parce qu’« un homme ne se plaint pas », choisissent de taire les réalités auxquelles ils sont confrontés.
Lui est bien décidé, au contraire, à raconter dans le détail ce qu’il a vécu en quittant son village sans la ressource d’une éducation scolaire mais avec pour lourde injonction d’améliorer le sort des siens.
Le centre de rétention où il est placé avec Toko motive sans doute son besoin d’expression. On suit, chapitre après chapitre, les difficultés, humiliations et situations critiques – la solitude, la faim… – auxquelles il se confronte et qui ne font que s’amplifier du Mali à la France, jusqu’au foyer de banlieue miteux où il échoue.
De ces expériences négatives accumulées – dont d’autres textes littéraires ont pu également s’emparer –, Diadié Dembélé parvient à faire une « aventure de la misère » dont les épisodes surfent entre gravité et humour, tristesse et distanciation. On retrouve le talent romanesque d’un auteur à la langue savamment bousculée, qui manie le néologisme (« une existence babouinée »), les télescopages d’expressions, et invente un français-soninké à sa façon.
Mais le récit de Manthia n’en laisse pas moins paraître un lourd bilan. Celui d’une jeunesse à laquelle il n’est jamais donné de choisir son destin et qui doit se contenter de se plier aux décisions prises par ses aînés. Marié d’autorité puis envoyé de même en Europe, Manthia n’a jamais voix au chapitre. Clandestin, sa vie se réduit au travail quotidien.
A travers le destin individuel de son héros, Diadié Dembelé parvient ainsi à étayer avec beaucoup de finesse la réflexion sur la question migratoire.
Reste qu’on se prend à rêver avec Manthia au jour où, enfin sorti de l’impasse, il formera avec son ami Toko un duo tellement respectable qu’ils seront bien plus que deux, mais deux grands hommes et demi.
Après un débat sur la crise migratoire nous avons évoqué les contes d’Andersen qui restitue la part tragique qui échoit à l’enfance, celle que les adultes ont appris à occulter : en se métamorphosant pour grandir, les enfants font l’expérience d’une perte irrémédiable.
Les contes d’Andersen ont baigné notre enfance et nous nous rappelons les beaux livres illustrés qui nous ont bercé
Corinne fait aussi référence au film Samba (2014) avec Omar Sy et Charlotte Gainsbourg qui retrace les déboires d'un migrant sénégalais en France
Patricia continue son introspection dans les classiques et présente
La cantatrice chauve de Eugène Ionesco
Eugène Ionesco (1909-1994) est un dramaturge père du théâtre de l'absurde comme Samuel Beckett Alfred Jarry
voici un lien pour en savoir plus sur le théâtre de l'absurde
qu'est ce que le théâtre de l'absurde
La cantatrice chauve est la première pièce de théâtre écrite par Ionesco. La première représentation à lieu le 11 mai 1950 au théâtre des noctambules.
Cette oeuvre de théâtre de l'absurde fut publié le 4 septembre 1950 par le collège de 'pataphysique. qui promeut une philosophie et édite des textes fondés sur l'absurde (mouvement surréaliste)
Cette pièce de théâtre se résume à 1 acte de 11 scènes toutes plus décousues les unes que les autres. Nous découvrons ainsi Les Smith et les Martin dans une flopée de paroles perdant leur sens mais qui nous offre une pièce absurde à la fois comique et critique.
C'est une oeuvre majeure dans l'incarnation du vide de parler. La cantatrice révèle la vacuité du discours bourgeois
Corinne nous présente
Plein nord de Andrew J Graff
Sam et Swani quitte une cité pour venir s'installer dans le Wisconsin avec leur camping car, leurs trois enfants et l'acte de propriété d'une société de rafting hérité d'un oncle.
Sam et Swati devront plus que jamais compter l'un sur l'autre pour maintenir à flot leur nouvelle vie
Un roman éblouissant de justesse, au coeur des grands espace, le long d'une rivière où s'éprouve la solidité des liens familiaux
"c'est pas simple" et "jeter vous à l'eau avec eux" seront la conclusion de Corinne
Nicole presente 2 livres
Petite poucette de Michel Serres 2012
Le monde a tellement changé que les jeunes se doivent de tout réinventer ! Pour Michel Serres, un nouvel humain est né, il le baptise " Petite Poucette ", notamment pour sa capacité à envoyer des messages avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, - le passage aux nouvelles technologies - tout aussi majeure, s'accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises. Devant ces métamorphoses, suspendons notre jugement. Ni progrès, ni catastrophe, ni bien ni mal, c'est la réalité et il faut faire avec.Petite Poucette qui va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître... mais il faut lui faire confiance !
Peut être lu en 2025 car riche d'enseignements
La péninsule aux 24 saisons de Inaba Mayumi
Dans un paysage de mer et de falaises d'une beauté paisible, bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d'elle-même et passe des jours heureux d'une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt-quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, prépare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l'attente des lucioles de l'été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser.
Dans ce hameau au bord du monde, l'entraide entre voisins prend toute sa valeur, les brassées de pousses de bambou déposées devant sa porte au moment de la récolte, et les visites chaleureuses à l'atelier du miel de son amie Kayoko.
Vingt-quatre saisons, c'est le temps qu'il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie.